Dans le cas d’un hépatocarcinome compliquant une cirrhose, l’appréciation de la fonction hépatique est indispensable pour décider de l’opportunité d’une alcoolisation. En tenant compte de la classification de Child-Pugh, les meilleurs résultats sont obtenus avec les patients classés A. En revanche, en cas de patients classés C, le risque élevé de décompensation et le mauvais pronostic de l’hépatopathie sous-jacente réduisent l’intérêt de la méthode.
La nature maligne de la tumeur est déterminée préalablement par cyto-ponction ou micro-biopsie guidées par échographie. Le repérage échographique est réalisé de sorte que la distance entre la peau et la lésion soit la plus faible possible, mais en interposant du parenchyme hépatique non tumoral avant d’atteindre la tumeur. Après asepsie cutanée et prémédication intraveineuse, l’aiguille est enfoncée dans l’axe de la sonde d’échographie et suivie sur tout son trajet jusqu’au centre de la tumeur. L’alcool absolu stérile est injecté sous contrôle échographique continu en temps réel. On suspend l’injection lorsque l’alcool diffuse en dehors de la cible. On évite ainsi la diffusion de l’alcool au niveau de la capsule hépatique, ce qui réduit nettement les douleurs. On applique une vessie de glace au niveau du point de ponction. La surveillance est équivalente à celle d’une biopsie hépatique, avec recours aux antalgiques et à l’application d’une vessie de glace dans les heures qui suivent.
Nous choisissons d’injecter 1 à 4 ml de Lipiodol ultra-fluide conjointement à l’injection d’alcool. Ce tatouage définitif du parenchyme facilite la surveillance par scanner et permet de détecter plus facilement une éventuelle récidive. Dans ce cas, on note le développement d’un nodule au sein de la zone tatouée, qui ne contient pas de Lipiodol. Le fait de mélanger de la xylocaïne adrénalinée à 2% avec l’alcool et le lipiodol ultra-fluide réduit les douleurs dans les suites de l’alcoolisation. En effet, l’alcool qui reflue au niveau de la capsule hépatique, irritant les terminaisons nerveuses, est mélangé avec la xylocaïne. L’évaluation est clinique (reprise de l’appétit, ascension de la courbe pondérale sans oedème ni ascite), biologique par baisse du dosage des marqueurs tumoraux, échographique, tomodensitométrique et cytologique.
Avec des gros volumes d’alcool, la disparition des signaux à l’écho-Doppler, tout comme la perte de la prise du produit de contraste à l’angio-scanner s’observent dès la deuxième séance (10).